L’ancien ministre de la décentralisation sous Abdou Diouf, Souty
Touré, a d’emblée annoncé la couleur. Il n’y est pas allé par quatre
chemins pour dire son opposition à cette réforme de la décentralisation.
Pour lui, la méthode utilisée par les membres du Comité de pilotage va à
l’encontre des fondements d’une bonne politique de décentralisation
reposant essentiellement sur l’aspect territorial et sur celui
technique.
L’ancien maire de Tambacounda est d’avis qu’une bonne politique de
décentralisation doit faire la part belle aux activités économiques.
Celle-ci doit également prendre en compte les populations de base.
Lesquelles sont appelées à choisir leurs élus, ajoute Souty Touré. Il
n’empêche que ce dernier a vertement critiqué la « territorialisation »
telle que voulue par le Comité en charge de la réforme de l’Acte 3 de la
décentralisation. « Le regroupement des zones sur la base de la
« territorialisation » pose problème, selon Souty Touré. Car,
« ce mot « territorialisation » n’existe pas sur le dictionnaire »,
laisse-t-il entendre. Il est aussi loin d’être convaincu par la «
communalisation », qui est un point essentiel de la réforme en vue de
l’Acte 3 de la décentralisation.
Saisissant la balle au bond, le président du Conseil régional de
Kaffrine, Babacar Gaye, va faire dans la nuance avant d’abonder dans le
sens de son prédécesseur. « Je veux soutenir cette réforme, mais il y a
un problème. » Il fonde ses inquiétudes sur la forte présence de « l’Etat
jacobin » qui, selon lui, va faire disparaître « la gouvernance partagée »
entre l’Etat et les collectivités locales, d’une part et de l’autre,
entre les collectivités locales. Ce qui lui fait dire que « l’Etat jacobin »
doit laisser la place à la collectivité locale dans la gestion des services
décentralisés comme cela se passe en Allemagne, au Canada, en RDC, entre autres pays.
Prenant la parole, l’invité de « LAC », Pr Ismaïla Madior Fall, dit
être étonné du « non » exprimé, de prime abord, par l’ancien ministre
de la décentralisation, Souty Touré. Puisque le travail, qui doit mener à
la réforme de la décentralisation, n’a pas été encore entamé, souligne
Pr Ismaïla Madior Fall. Même s’il reconnaît qu’il subsiste un « réel
problème de communication ». D’après lui, cela s’explique par le fait
que les membres du Comité sont dans la phase de réflexion.
Toutefois, si
la « communication externe » est quasi existante au regard de l’évolution des travaux,
il n’en demeure pas moins que la « communication interne » fonctionne dans la mesure
où le « Comité se réunit chaque jeudi » pour faire le point, laisse entendre Pr Ismaïla
Madior Fall.
Loin s’en faut. Pr Ismaïla Madior Fall sait que la réforme ne va pas
intervenir avant les prochaines locales prévues au mois de mars 2014
pour un respect du calendrier républicain. S’il est conscient de ce
fait, il se soucie, tout de même, du contenu qui va accompagner cette
réforme. Laquelle fait déjà grincer beaucoup de dents.
Ismaïla CAMARA
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